L’image manquante
L’image manquante de l’artiste, est un projet de recherche-création initié par Bruno Goosse en collaboration avec Sarah Sépulcre, avec le soutien de l’UCL, de l’ArBA-EsA et de laFAP. Ce projet vise à dégager les contours d’une image partagée par "la société" de ce qu’est un·e artiste plasticien·ne. Est visée ici l’image commune, ne résultant pas d’un travail approfondi d’information ou d’observation.
Pour ce faire, nous collectons des images d’artiste·s plasticien·ne·s dans les productions audiovisuelles tant récentes que plus anciennes pour peu que l’artiste plasticien·ne·s ne soit pas le personnage principal (car on ne peut que supposer un travail d’information approfondi si l’artiste est un·e personnage principal·le). La collecte (infinie) permettra la comparaison, l’analyse et la visualisation.
Dans un second temps, le projet envisage de comparer cette image multiple à l’idée que des étudiant·e·s artistes plasticien·ne·s se font de leur futur métier, puis à celle qu’une enquête de terrain libérée des contraintes de l’utilisation fictionnelle peut produire. Supposant un manque d’images actuelles des artistes plasticien.ne.s dans la société et constatant un effet d’invisibilisation de certaines vies qui s’inscrivent néanmoins et courageusement dans cette pratique, le projet de recherche création «l’image manquante de l’artiste» envisage :
- D’analyser les images d’artistes plasticien·nes des média audiovisuels, séries télévisuelles et film de cinéma dans le but est d’objectiver une image de l’artiste dans la société en général, l’image de l’artiste pour les citoyen·nes. Aussi, l’étude évitera toute production que l’on pourrait qualifier de «spécialisée», qu’elle soit produite par des spécialistes, pour des spécialistes, ou informée par des spécialistes. Le corpus analysé est ouvert mais, les personnages artistes qui apparaissent dans ces objets d’étude ne peuvent être le sujet principal du film, de la série, ou de l’épisode, car on supposera alors que le réalisateur ou réalisatrices se seront dûment informé·e·s. Il importe ici de sonder l’image commune, celle qui s’impose sans qu’on n’y pense vraiment.
- De créer une grille d’analyse. L’analyse des productions audiovisuelles dans lesquelles apparaissent des artistes permettra d’abord de récolter du matériel tant iconographique que textuel, puis de les étudier afin de créer une grille d’analyse suffisamment simple dont pourra se saisir un public plus large. Cette grille permettra de définir les éléments les plus pertinents sur lesquels porter notre attention afin de nous donner une vue précise de cette image partagée.
- De construire une plateforme web, à la fois pour poursuivre la récolte de matériel et pour produire une visibilisation de ce matériel.
Dans un second temps, une enquête sera entreprise sur la réalité des conditions de vie des artistes, afin de comparer les deux approches : dans les productions audiovisuelles et dans le réel. Est-il possible de proposer des alternatives aux images d’artistes issues des productions audiovisuelles sans ruiner leurs scénarios et effets narratifs ? L’objectif poursuivi par la recherche-création est double. D’une part, il s’agit de disposer d’une image commune de l’artiste, car nous considérons que dans un système démocratique comme le nôtre, c’est à partir de cette image partagée par le plus grand nombre, que les politiques culturelles sont élaborées. Cette étude nous semble donc essentielle pour pouvoir discuter cette image commune en la comparant aux réalités vécues par les plasticiens et plasticiennes. D’autre part, il s’agit de proposer des alternatives à ces stéréotypes afin d’approcher la réalité de terrain.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire : Vasari, l’image trop présente de l’artiste, qui envisage la question de l’image de l’artiste depuis ce qui est considéré comme la source de l’histoire de l’art : les vies de Vasari. Il montre comment Vasari construit une équivalence entre la qualité artistique et les conditions de vie de l’artiste, puis comment cette équivalence disparaît progressivement en même temps que les artistes abandonnent à d’autres leur représentation.